Archive mensuelle février 2024

ParSolidaires

NAO 2024 – Un air de déjà vu ? 

Comme vous le savez déjà grâce à un message de notre très chère direction générale, particulièrement empressée cette année de célébrer la moindre réussite, les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) 2024 sont terminées. Une majorité d’organisations syndicales représentatives ont accepté de signer l’accord. Sud Solidaires AG2R ne fait pas partie de ces signataires, encore une fois diront certains. Avant de détailler pourquoi, rappelons rapidement la teneur des mesures qui seront donc appliquée cette année à la suite de ces NAO : 

Il sera distribué une enveloppe globale équivalant à 4,5% de la masse salariale (soit environ 10,19 millions d’euros), répartie comme suit : 

  • Augmentations obligatoires : 0,1% (225 milliers d’€) 
  • Effet report : 0,18% (400 milliers d’€) 
  • Enveloppe augmentations individuelles (AI) : 0,85% (1 930 milliers d’€) 
  • Enveloppe augmentations collectives (AC) : 0,85% (1 930 milliers d’€) répartie comme suit (hors COMADIR et sous condition de 18 mois d’ancienneté mini au 01/01/24) :  
    • Salaire < 35k : 1,6% 
    • 35k < salaire < 45k : 1,2% 
    • 45k < salaire < 55k : 0,9% 
    • 55k < salaire < 65k : 0,7% 
    • Salaire > 65k : 0,6% 
  • En mesure non-récurrente, Prime de Partage de la Valeur (PPV) de 650€ qui représente 1,32% (2 990 milliers d’€) 
  • Reste enfin 1,2% (2 720 milliers d’€) que la direction souhaite « mettre de côté » pour financer d’éventuelles mesures qui seraient signées à la branche cette année. Même si aucun accord de branche n’a pu être trouvé depuis 2018, il semble qu’on ne soit jamais trop préparé chez nos dirigeants pour ne surtout pas dépasser le budget alloué aux frais de personnel… Signalons toutefois que sur ces 1,2% de réserve, la direction cette fois a voulu s’engager sur leur répartition à l’avance si aucune mesure de branche n’est signée (histoire d’éviter le bazar des 0,86% de l’an dernier, au moins sur ce point nous ne pouvons qu’être d’accord). La somme concernée serait donc redistribuée en AC et AI selon la répartition suivante : 
  • AI : 0,48% (1 090 milliers d’€) 
  • AC : 0,72% (1 640 milliers d’€) réparties comme suit (même conditions que l’enveloppe principale) : 
    • Salaire < 35k : 1,4% 
    • 35k < salaire < 45k : 1,1% 
    • 45k < salaire < 55k : 0,7% 
    • 55k < salaire < 65k : 0,5% 
    • Salaire > 65k : 0,4% 

Rappelons que nos revendications finales, déjà revues à la baisse pour montrer notre bonne volonté de rentrer dans le budget global, consistaient principalement en une demande d’augmentation collective de 1 500 € pour chaque salarié du GIE AG2R, 500€ de PPV, et consacrer le reste aux AI (notre demande initiale partait même sur 2 000€ d’AC, mais on nous a rapidement fait comprendre qu’il était impensable côté direction d’appliquer exclusivement des mesures récurrentes). Certes « le reste » dans cette configuration ne représentait pas une grosse enveloppe, mais dans la situation inflationniste actuelle, nous pensons qu’il faut avoir le sens des priorités et favoriser largement des mesures collectives fortes pour soutenir le pouvoir d’achat de nos collègues. Sud Solidaires AG2R ne nie pas, contrairement à ce que certains pourraient penser, la nécessité de disposer d’une enveloppe d’AI décente pour valoriser les performances individuelles, mais la conjoncture actuelle fait que nous jugeons qu’il faut mettre ce volet en retrait puisque nous agissons au sein d’un budget contraint. 

On voit donc bien le fossé entre nos revendications et la réalité des mesures qui seront appliquées cette année. Au mieux (c’est-à-dire en l’absence d’accord de branche, situation dont il est difficile de se réjouir vu l’état de nos grilles RMMG), les plus bas salaires seront augmentés de 1,6 + 1,4 soit 3%. Ce qui représente un montant de 1 050€ annuels pour un salaire à 35k annuel. Nous sommes loin des 1 500€ que nous réclamions, et qui étaient déjà une vue à la baisse des mesures nécessaires selon nous pour compenser la perte de pouvoir d’achat de ces dernières années. La PPV proposée est pour nous une mauvaise mesure, qui consomme beaucoup de budget pour une mesure non-récurrente, et qui n’est donc pas à même de protéger notre pouvoir d’achat sur le long terme. Par ailleurs les nouvelles dispositions entourant cette prime faisant qu’elle sera désormais en partie fiscalisée, et surtout imposable si elle est versée directement sur le salaire, mettent à mal l’argument de la direction qui consiste à dire que cela permet un apport immédiat pour les personnes les plus en difficulté… Difficile à accepter quand la meilleure façon de profiter de cette prime est de la bloquer plusieurs années sur un PEE. 

Un autre argument de la direction était qu’il nous fallait être reconnaissants de cette si belle enveloppe à 4,5%, selon eux une des plus élevées dans le domaine en France cette année (délicat à affirmer dans la mesure où les NAO sont encore en cours chez beaucoup de nos concurrents), et la seconde enveloppe la plus élevée dans le GIE depuis 10 ans… Nous sommes, disons-le, très circonspects sur ce deuxième argument. Les enveloppes ridicules d’avant 2023, qui avaient abouti en 2022 à un rejet unanime de l’offre de la direction par tous les syndicats, font qu’il nous parait difficile de nous réjouir sur le sujet. L’enveloppe de l’an dernier était à 6%, et vu l’évolution de l’inflation et les difficultés rencontrées par un nombre de croissants de collègues, nous constatons surtout que la direction veut déjà revoir ces montants à la baisse alors qu’un effort soutenu devrait être à l’ordre du jour. Mais encore une fois, l’écart entre notre position qui pourrait se résumer par « A période de difficultés exceptionnelles, mesures exceptionnelles » et le discours de la direction « les augmentations collectives n’ont pas vocation à compenser l’inflation » nous parait assez difficile à combler…      

Pour toutes ces raisons, nous avons donc choisi de ne pas signer cette proposition, refusant par là même d’adopter une position du type « c’est mieux que rien » voire même « ce n’est pas si mal » que nous avons pu entendre ailleurs. Nous attendons de la direction des mesures à la hauteur de la situation, sans concession ni faux-semblants, mais il semble bien que sans une partie importante de l’effectif qui monterait au créneau, cela n’est pas près d’arriver.