Il court, il court, le 0.86

ParSolidaires

Il court, il court, le 0.86

Comme certains (malheureusement trop peu) d’entre vous ont pu le remarquer sur leur salaire d’octobre, la direction a enfin retrouvé les 0,86% de la masse salariale qui manquaient toujours à l’appel pour faire le compte des 6% annoncés lors de la négociation annuelle obligatoire (NAO) de 2023. Mieux vaut tard que jamais, même si ce n’est pas faute de la part de Sud Solidaires comme des autres organisations syndicales d’avoir réclamé sans relâche ce solde manquant…

Pour refaire rapidement l’historique, cette somme correspond à ce qui avait été « mis de côté » par la direction pour couvrir les dépenses liées à un éventuel accord de branche 2023. Petit pourcentage, mais qui représente au bout du compte près de 2 millions d’euros, ce qui explique notre inquiétude grandissante au sujet de ce budget alors qu’il semblait assez bien établi depuis l’été dernier qu’aucun accord ne serait signé cette année à la branche. A noter également que le fait de n’avoir aucun autre engagement concernant la façon dont serait utilisé ce budget a été l’un des éléments qui ont poussé Sud Solidaires à ne pas être signataire de l’accord NAO 2023…

Le discours s’orientait depuis quelques mois vers une utilisation qui nous semblait malgré tout aller dans la bonne direction, à savoir une revalorisation de salaires pour les salariés en gestion qui se situaient sous le nouveau salaire minimum d’embauche… Avec un effet rétroactif à janvier 2023, nous avions là une mesure qui soutenait les bas salaires, sujet qui nous est particulièrement cher, et c’est donc prudemment optimistes que nous avons assisté aux réunions plutôt ce mois-ci qui allaient détailler ce dispositif. Réunions au cours desquelles nous avons découvert que cette mesure de revalorisation n’allait représenter en fin de compte qu’un budget de 582.000 euros environ, pour 449 salariés concernés. En gros le quart de nos fameux 0,86%… Le reste ? Ils seront consacrés à des « revalorisations salariales concernant les métiers en tension ». Quézaco ? Ce sont des activités désignées par la direction, qui nécessiteraient des petits coups de pouce salariaux pour rester compétitifs vis-à-vis du marché. En clair, il faut faire quelques rallonges pour ne pas perdre des gens à des postes jugés sensibles…

Cela sonne déjà moins comme des mesures orientées vers les salaires les plus faibles, particulièrement quand on apprend que sur les deux « axes d’analyses » qui décrivent ces métiers en tensions, le premier est la filière management. Le second étant une liste de fiches emploi établie par la direction, sans vraiment d’explications. Si nous parlions malgré tout toujours de mesures collectives, qui concerneraient l’ensemble de ces postes, pourquoi pas, mais il s’avère que les bénéficiaires des fameuses revalorisations seront au bout du compte désignés de façon totalement opaque, en fonction de critères connus seulement de la direction. Au bout du compte, c’est bien environ un million et demi d’euros qui terminent en augmentations individuelles déguisées, et ce alors même que nous regrettions déjà le rapport entre les budgets consacrés aux augmentations collectives et aux augmentations individuelles dans cet accord NAO (autre raison de notre non-signature).

Evidemment, il y a certainement des cas où ces revalorisations étaient nécessaires considérant l’état du marché, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de considérer la manœuvre comme regrettable, et presque déloyale, en consacrant en fin de compte une partie du budget NAO à des mesures individuelles alors même que nous nous étions opposés à cette issue tout au long de l’année. 

Il va sans dire que nous en tirerons les leçons nécessaires en abordant les NAO 2024, qui démarreront dans les semaines à venir, et que nous serons plus prudents que jamais quant aux promesses de la direction en la matière. En espérant que cette année, le groupe fera plus de cas du pouvoir d’achat de ses salariés, AG2R étant l’un des plus mauvais élèves de la protection sociale en la matière, là où les autres entreprises du secteur ont davantage absorbé l’inflation.

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6 commentaires pour l’instant

Nadine AmouckPublié le8:26 pm - Nov 1, 2023

bonjour, il n y a pas que des métiers “en tension” ; il y a aussi des “salariés en tension “

PHILIPPEPublié le8:09 am - Nov 2, 2023

Cette augmentation devait concerner tout le monde ?

    SolidairesPublié le10:38 am - Nov 2, 2023

    Bonjour, malheureusement non. Pour les rattrapages des minima, seuls ceux qui gagnent moins de 25500€ annuels hors ancienneté ont été impactés. Pour les métiers en tension, c’est plus obscur. Si vous n’avez rien vu sur votre fiche de paye d’Octobre c’est que vous n’y avez pas droit.

MiroPublié le11:20 am - Nov 2, 2023

Bonjour,
juste un petit message pour vous dire que la police de caractères -et la couleur- utilisées rendent la lecture de ce texte particulièrement éprouvante.
Surtout que l’âge canonique du matériel n’aide pas.

Et j’ai encore une vue correcte. Je n’ose imaginer ce qu’il en est pour ceux dont les yeux sont encore moins performants que les miens.

MiroPublié le11:25 am - Nov 2, 2023

Oups ! Au temps pour moi.

Si la couleur grisâtre est de votre fait, l’ignoble police de caractère semble être un paramètre du navigateur Edge.

    SolidairesPublié le10:51 am - Nov 3, 2023

    Bonjour, aucune couleur n’était spécifiée (hormis les passages en violet) J’ai tenté de forcer le noir sur tout le texte, dites-nous si cela est plus lisible sur votre matériel.

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